h ô t e l .; p a r t i c u l i e r

r é c e p t i o n ;;v e s t i b u l e;;c h a m b r e . 1 3;;b a r ; d e ; n u i t;;r o o m ; s e r v i c e;;r é c l a m a t i o n s

 

1 3 ; m o i (s)

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[ j a n v i e r ] premier mois de l’année, tu es cruel et tu as le profil glaçant d’une mise à l’épreuve…de résolutions fraîches et déjà ignorées en difficultés à écrire les nouveaux chiffres de l’année inaugurée, je te boude jusqu’à ton dernier jour où c’est à moi de former un nouveau chiffre…

je danse seule désormais dans l’espace si vide de cette pièce.
je n’entends que la mélodie ininterrompue de mes artères qui ne résonnent plus pour lui mais juste pour ma survie.
il m’a embrassée si fort pour cet adieu que mes lèvres portent presque encore l’empreinte ardente des siennes.
c’est mieux ainsi…bullshit. maintenant il va falloir arriver à se lever demain matin. et à ne pas penser à lui, ne pas penser à lui…

assaillie de doutes, contrainte au mensonge, je paralyse tout sentiment et commence ma fuite en avant. je dois fuir, pour pouvoir me retrouver. peut-être n’est-il pas trop tard.

grelotter…frissonner…se blottir…tressaillir [ f é v r i e r ] double les consonnes et l’envie de chaleur câline…transie de froid et d’amour, je tourne une invisible cuillère dans le café au lait fumant.

je m’étourdis dans la foule. de soirée en soirée, nourrie de regards étrangers et de mots caressants, je virevolte et le camouflage se fait professionnel. mais il ne reste au final que des paillettes dans le caniveau, des larmes soudaines dans un taxi trop muet, des discussions évaporées avec la fulgurance d’une éclaboussure d’eau tiède dans le soleil méditerranéen, et de l’inconstance. surtout de l'inconstance.

[ m a r s ] me glace...ma raison de vivre du mois n'est plus de ce monde...je t'oublie...et prie pour que tu passes plus vite que les autres malgré tes 31 journées...

une rencontre un peu plus éblouissante que les autres et une expression nouvelle submerge mon visage. comme si j’avais trouvé la clef de ma propre cellule. mais la fuite continue et se poursuit finalement de l’autre côté de l’atlantique, sur une île. un peu plus proche du paradis, je respire, régresse, glousse, et laisse glisser le sable soyeux entre mes doigts. le soleil me dénude et je m’extirpe de tout. de tout sentiment.
je suis ici définitivement dans le présent, accumulation divine de gestes, de paroles, de pensées, de notes de musique.
retour dans la capitale. le corps encore brûlant et salé, je retourne dans le tunnel. métro, louvre-rivoli, rallumer l’ordinateur, tout le travail en retard. les automatismes sont toujours là. seule a changé ma perception de cette course folle. la vie est ailleurs.

[ a v r i l ] mois hybride...ton nom me plaît...avril...havre, île, il...

se rendre à ces soirées, ces concerts aussi. la vision d’une salle en liesse, en communion, charmée par l’adresse et l’âme de musiciens habités par leurs mélodies. écouter un autre orchestre. celui, miniature de son cœur, rythmé par des sentiments violents.
j’enfile mon manteau rouge et court sans réfléchir dans les rues aveuglantes. les hasards bienveillants s’accumulent, provoquant rires et interrogations. quel luxe de savoir s’emplir d’un moment de bonheur, sans penser à autre chose que l’exact instant qui se diffuse, transformant la vie en une autre réalité.
cela s'appelle la sagesse peut-être...

il y a toujours un [ m a i ]…mai…trîse des sentiments…mai…lancolie sous-jacente…mai…rry-go-round

tourbillon de bougies soufflées, de week-ends, d’imprévus, de vie que l’on rend légère où l’on croise visages précieux et amours naissants, trublions et trouble-fêtes, sourires vénéneux et vrais éclats de rire. vertige de salles obscures, d’aéroports, de retrouvailles, de court-circuits, de corps à corps, de conversations entrecoupées de silences annonciateurs, de pelouse sombre dans laquelle les talons aiguilles s’enlisent comme mon cœur à l’agonie…

[ j u i n ]…mois joueur et enjoué…

le temps s’étire avec grâce. une lumière diaphane se pose sur la ville et les visages. la première partie de l’année s’achève…ouf. c’est l’effusion, le surgissement de personnages presque oubliés, la félicité de partager en silence des instants privilégiés, l’envie de tout quitter, de se quitter, de s’abandonner, abandonner son "moi". les promenades hasardeuses, les jeux de séduction impromptus, la chair de poule de la peau nue qui cherche un rayon de soleil ou de lune.

[ j u i l l e t ]

mois de tous les dangers...tout explose. je n’avais pas voulu voir de signes avant-coureurs. je pensais peut-être courir plus vite…mais la réalité rattrape et gifle sans préavis. drôle de période, drôle d’été. j’aurais préféré qu’il le soit au sens propre. tant pis, il reste les gens que l’on aime et à qui on veut le crier. et c’est déjà un salut.
mais la légèreté dans tout ça ? i want to be loved, with inspiration. i want to be loved starting tonight. besoin qu’on m’ébouriffe, qu’on me fasse tomber à la renverse. besoin de tomber amoureuse, tomber jusqu’au vertige.

[ a o û t ]...out la foule, out l’ennui. ici tout ne doit être que luxe, calme et volupté...

allegria. j’arpente la ville lumineuse enfin vidée de ses flux et de ses tensions. l’atmosphère incandescente rend les visages et les corps élastiques. après les échappées belles, c’est le temps des belles échappées. fontaines parisiennes et plages normandes, ruelles calmes et bars enfumés, galeries d’artistes et péniches lunatiques. tout enchante. chaque minuscule endroit, chaque infime moment revêt l’intensité de toute une vie. les sourires se réfléchissent partout, comme par jeu de lumière, et je me sens légère, si légère. si le corps est comme engourdi, le cœur, lui, bat très fort.

[ s e p t e m b r e ]...premier des mois finissant en -bre ou en brrrrr...

l’euphorie estivale se dilue comme une goutte de peinture vive dans une grand verre d’eau transparent. pfffffuiit !! la ville reprend ses droits - enfin les parisiens plutôt.
alors il faut être encore plus malin. et curieux. et l’on est encore plus émerveillé. passer tous les jours devant l’imposant beaubourg et ses entrailles colorées, chanter agglutinée à des inconnus des chansons d’un autre temps dans un troquet à la poussière joyeuse, « inaugurer » par un baiser un bébé qui vient de poser pied sur terre, lézarder dans l’herbe une dernière fois et regarder les ombres s’agiter tout autour, organiser une séance photo dans un hôtel art déco injustement transformé en bureau et voir les couloirs s’animer d’une grâce parfaitement intacte.

[ o c t o b r e ]...sobre...opprobre…le mois est grincheux…

les nuits blanches font résistance à une monotonie grinçante et galopante. la valse des vélos amoureux reprend de plus belle, allant se nicher sur les corniches inaccessibles. et les oreilles se tendent quand passe un big band, les yeux s’ouvrent avec avidité lorsque s’expose le père des « enfants terribles », les pieds exécutent des mouvements saccadés sur des rythmes fiévreux, et les mains commencent déjà à s’user à force de toucher étoffes et tissus.

[ n o v e m b r e ] ... and it's hard to hold a candle in the cold November rain...

ma petite mounie s’envole au ciel du haut de ses majestueuses 93 années ; un ange de plus. et quel ange…

au rythme des guitares saturées des concerts un peu trop rock, de la beauté muette et extravagante d’un film russe du début du siècle dernier, ou des sonorités hypnotiques issues du mariage heureux d’une platine vinyle et des doigts experts d’un jeune japonais, le remue-ménage des amoureux se change immuablement en soupirs…

[ d é c e m b r e ]…I've a smile on my face, I walk down the lane, With a happy refrain,
Singin', just singin' in the rain...

le cocon se referme doucement. des bougies n’en finissent plus d’être soufflées. l’hiver est battu à plate couture par l’envie mordante de soleil. d’orgies de fruits exotiques en visionnage de vieux films cultes, de séances de peinture en effusions corporelles, la chaleur se propage naturellement dans toutes les cellules corporelles. on n’oublie pas les fêtes de fin d’année (de fin damnée comme dirait ceux qui les détestent) et les souvenirs qu’elles colportent avec plus ou moins de bonheur. joyeux noël félix !